Coup de coeur du mois : Julie Leblanc, prévisionniste en avalanche
Drôle d’hiver que nous avons eu n’est-ce pas? Du jour au lendemain, on passe de -20 degrés Celsius à une journée bien chaude. Selon Julie Leblanc, prévisionniste en avalanche, elle n’a jamais connu un hiver aussi particulier. Mentor chez Academos depuis deux ans, Julie exerce un métier peu commun qui peut faire rêver les adeptes de plein air et de sport d’hiver.
C’est par téléphone que j’ai contacté Julie Leblanc à son bureau à Saint-Anne-des-Monts en Gaspésie chez Avalanche Québec. Rencontre avec notre coup de coeur du mois, notre mentor scientifique de la neige et skieuse hors-piste de talent. Entrevue :
Moi : Bonjour Julie!
Julie : Bonjour!
Moi : Êtes-vous les seuls spécialistes de l’avalanche au Québec?
Julie : Oui, en fait au Canada, la façon dont ça fonctionne, il y a le centre de prévision d’avalanche du Canada à Revelstoke en Colombie-Britannique!
Moi : Quel territoire occupes-tu, est-ce le Québec, le Canada ou c’est plus que ça?
Julie : En fait, l’organisme physique est localisé à Saint-Anne-des-Monts à l’entrée du parc National de la Gaspésie. Puis au fond, on est situé là puisque l’un de nos plus gros programmes se déroule dans les Chics-Chocs en hiver.
Moi : Qu’est-ce que Chics-Chocs veut dire?
Julie : En fait, les autochtones sont des Mic Mac, alors ça vient de leur langue qui veut dire : barrière de montagnes infranchissables. Quand on regarde les montagnes vers le sud (lorsque tu es à Saint-Anne-des-Monts), on dirait un mur alors c’est pourquoi ils l’ont baptisé comme ça!
Moi : Tu dois sortir souvent à l’extérieur?
Julie : Une journée sur deux, on fait des sorties terrains pour récolter des données, faire un bulletin d’avalanche!
Moi : Voyages-tu beaucoup dans le cadre de ton métier?
Julie : Oui quand même, moi j’aime ça, alors je prends toutes les occasions pour voyager, je voyage beaucoup au Québec, pour des formations ou des festivals. L’an passé, je suis allé dans les Pyrénées donner une formation sur les avalanches. Dans un mois, je vais en Suisse, donc, je me promène pas mal, haha! Je profite pleinement de mes avantages, lorsque je pars, j’apporte toujours mes skis!
Moi : Il y a eu une avalanche en Colombie-Britannique dernièrement...
Julie : Cette année, il y a eu déjà quelques morts au Canada malheureusement. Je pense que la plupart des cas sont des motoneigistes, et ça, c’est une tendance qu’on voit. Les pratiques de la motoneige hors pistes. Il y a de plus en plus de motoneiges qui circulent. C’est une clientèle plus à risque.
Moi : Est-ce qu’il a des avalanches au Québec*?
Julie : C’est surtout ici, dans les Chics-Chocs, en Gaspésie, parce que le terrain est assez propice aux avalanches, des terrains dénudés, sans arbres, on appelle ça des zones alpines. On n’a pas besoin que ça soit des grosses pentes pour qu’un accident survienne. Si on regarde l’historique des accidents au Québec, il y en a presque dans toutes les régions. Il y a même eu un mort à Thetford Mines il y a quelques années.
*Le Québec est propice aux avalanches meurtrières. Depuis les années 70, on dénombre 30 morts causées par les avalanches.
Moi : Est-ce que tu te déplaces à chaque avalanche?
Julie : Moi je me déplace surtout dans les secteurs des Chics-Chocs. Pour la route, on a une entente avec le Ministère du Transport, ça arrive à quelque reprises qu’on se déplace pour aller valider des données, mais pas à chaque fois!
Moi : As-tu déjà vu des avalanches?
Julie : Oui, il faut savoir que les gens ont parfois une mauvaise idée, de, c’est quoi une avalanche. En fait, ça va de taille 1 à taille 5. Donc, taille 1, ce n’est pas assez gros pour ensevelir quelqu’un. À partir de taille 2, elles peuvent ensevelir une personne, taille 3, une voiture, taille 4 un train et taille 5 un village.
Moi : As-tu déjà provoqué des avalanches?
Julie : Oui, on peut faire ça, c’est sur que ça prend une certaine compétence. Pour valider la stabilité de la neige, on peut déclencher des avalanches avec nos skis. On n’utilise pas les explosifs, mais en fait, on va sur une pente sans danger et on traverse rapidement avec nos skis et on la coupe perpendiculairement, on appelle ça en anglais un ski-cut (un test de cisaillement de ski).
Moi : Avec le réchauffement climatique, est-ce que tu vois des changements sur la fréquence des avalanches?
Julie : C’est un peu difficile à dire, mais ce qui est clair, c’est que les précipitations sont assez extrêmes. Par exemple, cet hiver, c’est la cinquième année que je suis ici et c’est un des seuls hivers que je vois autant de pluie. Les risques d’avalanche sont reliés directement aux prévisions météo, alors si la météo est très changeante, les risques d’avalanches sont changeants aussi. Est-ce qu’il y en a plus, je ne peux pas te dire, parce que les avalanches arrivent de façon naturelle, mais les avalanches répertoriées, c’est souvent les gens qui les déclenchent. C’est un drôle d’hiver pour nous!
Moi : Si on parle plus de ton parcours, est-ce que c’est une passion qui date de ton enfance?
Julie : J’ai toujours aimé ça aller dehors, avec mes parents, on faisait toujours du ski de fond, de la motoneige, du camping. Quand j’ai commencé à me questionner sur mon cheminement professionnel, j’ai décidé de faire un cours en tourisme d’aventure, donc je savais qu’il y avait des cours au Québec, mais je voulais apprendre l’anglais, alors je suis allé en Colombie-Britannique faire ces cours-là. Ensuite, je me suis mis à voyager et lorsque je voulais revenir en Gaspésie, j’ai découvert qu’il y avait un centre d’avalanche. Alors j’ai appelé, mais il n’y avait pas de poste, alors j’ai travaillé dans l’industrie du tourisme, je guidais des gens en ski. Quelques années plus tard, j’ai appliqué au centre d’avalanche et depuis je travaille ici! J’ai toujours aimé l’hiver et je pense que le métier est vraiment parfait parce que ça rallie un peu la science, un peu de plein air et de tourisme d’aventure.
Moi : Qu’est-ce que ça prend pour faire ton métier?
Julie : Premièrement, de la débrouillardise. Ensuite, beaucoup de minutie, on prend des données constantes, donc il faut vraiment être minutieux sur les termes, les données qu’on transcrit et certains tests qu’on fait. Sinon, ça prend de la passion, parce que les journées peuvent être longue, parfois on travaille 10 jours en ligne, parce qu’il y a plein de trucs à faire.
Moi : Toi qui aime le ski, est-ce que l’Everest est un rêve pour toi?
Julie : Non, moi ce que j’aimerais le plus faire, j’en parle parce que c’est mon projet du moment, c’est de faire un voyage au Japon, c’est un nouveau pays, une nouvelle culture, ce n’est pas les plus hautes montagnes, mais c’est une super qualité de neige, des volcans, des sources d’eau chaude. Donc, si je partais en voyage demain matin, je ferais plus ça qu’aller faire des descentes de ski extrême en Alaska.
Moi : Ça fait le tour de mes questions, un énorme merci Julie!
Julie : Ça me fait plaisir!
Ce métier t’intéresse, tu peux contacter le Julie ici :
P.S. J'arrête maintenant de parler de l'hiver si tu as hâte au printemps...
tu as raison ces vraiment un drôle d'hiver
je suis d'accord
Oui, j'ai hâte au printemps!!!!!!
/8/8
Très bonne idée d'article car cela montre de bons exemples de questions à poser aux mentors.
Bientot lété
ses bien le ski
Ahh c bon sa
ca a pas été un bon hiver
wow!
wow
ElizabethC check ca
wow
j'aime le froid
ya pas d'avalanche au québec haha
impopo