Pourquoi j’ai laissé tomber la médecine [Partie II]
Suite de l'article : Pourquoi j'ai laissé tomber la médecine [Partie 1]
FYI, mes matantes s’en sont remises. De mon côté, pendant un an, j'ai dit oui à tous les projets qui me stimulaient et à mon grand soulagement, je me suis enfin sentie à ma place dans le domaine des communications. En plus de bien réussir dans mes cours et mes autres implications parascolaires, j'avais réellement le sentiment d'aimer ce que je faisais. Mon cerveau, plus que jamais, fonctionnait naturellement; je ne ramais plus à contre-courant. En gros, le principal struggle de mes journées consistait à choisir quelle paire de bas de laine je porterais (un indice : mes paires de bas sont toutes pareilles).
Après mon année sabbatique, j'ai quand même décidé de retourner terminer ma cinquième et dernière année de doctorat. C'était important pour moi de vérifier si je m'ennuyais de la médecine, mais surtout de fermer ce grand chapitre-là de ma vie en allant décrocher mon diplôme.
Me voilà donc, aujourd’hui, doctorat en main, mais sans l’intention de pratiquer/prescrire/soigner des patients. Je ne sauverai peut-être pas de vies dans les hôpitaux, mais je me dis qu’au moins, à quelque part, j’aurai peut-être sauvé la mienne. Et à défaut de guérir des gens avec des traitements, je le ferai de manière bien plus modeste et indirecte avec une présence, une écoute et des mots, car si j’ai compris une chose pendant mes études en médecine, c’est que la relation d’aide, elle est partout et ne coûte rien; pas besoin d’être médecin pour sauver des vies.
Tu comprendras aussi que comme plusieurs, j’ai longtemps vu les communications comme du "pelletage de nuages", ce qui me rebutait. Au contraire, en y étant davantage exposée, j'ai réalisé que beaucoup de gens menaient des carrières excessivement pertinentes et utiles pour la société dans ce milieu. D'un autre côté, j'idéalisais la profession de médecin. J’avais l’impression qu’elle me permettrait d’atteindre la meilleure version de moi-même et que de l’abandonner revenait à dire que je n’étais pas assez valable comme personne. Je me suis trompée; la meilleure version de moi-même se trouvait simplement ailleurs.
Même si devenir médecin requiert beaucoup d’années d’études et confère énormément de responsabilités, cela reste un métier comme un autre à mes yeux. D’abord parce qu’il n’est pas fait pour tout le monde, de la même façon que les métiers de chanteur, d’architecte ou de tatoueur ne rendront pas tous les êtres humains heureux, et ce, même si les capacités et les compétences recherchées sont pourtant présentes chez l’individu. Ensuite parce que si tout le monde était médecin, on va se le dire, on aurait un méchant problème partout ailleurs dans la société. On ne le dira jamais assez : chaque profession est utile, il n’est point de sot métier.
Sauf peut-être Jackass. Ça c’était pas pire sot comme métier.
Rester en médecine à tout prix
Souvent, même après avoir expliqué mon récit, on me demande pourquoi, malgré toutes ces raisons-là, je ne suis pas restée dans le programme. Après tout, la médecine, c’est tellement vaste comme domaine! Tant qu’à avoir investi cinq ans d’effort, de temps, d’argent, pourquoi je n’occuperais pas un poste en administration? En santé publique? En psychiatrie? Il s’agit pourtant de branches assez différentes de la médecine conventionnelle et que je trouve en soi très intéressantes.
Je pourrais, c’est vrai. Sauf qu’encore une fois, je le ferais en doutant et surtout, à reculons, alors que je sais maintenant qu’il existe un domaine tout autre qui me fait vibrer à un autre niveau et dans lequel j’ai envie de me lancer tête première.
Quand on peut, on veut (sic)
S’il y a une chose que j’aurais vraiment voulu comprendre plus jeune, c’est ceci : quand on veut, on peut. Je le crois profondément. À l’inverse, ce n’est pas parce que l’on peut que l’on veut nécessairement – et encore moins que l’on doit.
Même si on a du potentiel.
Même s’il s’agit d’une opportunité rare.
Même si la plupart des gens n’y auront jamais accès.
Mon raisonnement en lien avec la médecine peut très bien s’appliquer à d’autres domaines tels que le droit, le génie, la pharmacie, l’actuariat, la médecine dentaire, name it : n’importe quelle avenue bien acceptée socialement et qui apporte une certaine notoriété ou une aisance financière non négligeable.
Quand on est jeune, qu’on ne se connaît pas si bien, qu’on n’a aucune idée de toutes les professions possibles et qu’on grandit avec l’opinion qu’un travail, ça reste un travail et que ça ne peut pas toujours être trépidant, il est très facile de tomber dans le piège de choisir une voie qui nous ressemble un peu moins de peur de se « fermer des portes » comme on nous le répète si souvent.
Avant la médecine, j’avais étudié au PEI, j’avais fait mes maths fortes, ma chimie, ma physique, mes sciences nature en deux ans : j’adoptais sans cesse le parcours « parfait » de peur de me fermer des portes. J’ai eu peur de me fermer des portes toute ma vie, mais dis-toi que finalement, à force de faire des choix par défaut, je me suis réveillée un matin bien enfermée à double tour derrière les grandes portes de ma vie.
Bon, là, depuis le début, j’ai l’air de la fille qui parle en mal de la médecine, mais détrompe-toi, mon but n’est en aucun cas de salir la réputation de cette profession, encore moins de te décourager à appliquer dans le programme si cette science t’attire. Au contraire, la vocation de médecin est en soi excessivement gratifiante, enrichissante et stimulante, autant au niveau humain qu’intellectuel. Évidemment, les études ne sont pas toujours faciles, mais si l’idée de devenir médecin résonne en toi, crois-moi, il y a de fortes chances que tu réussisses, car tu sauras y mettre le temps et les efforts nécessaires. Je le répète : quand on veut, on peut.
Je raconte mon histoire chaque semaine, presque chaque jour.
C’est normal, les gens sont curieux. Ils ont de la difficulté à comprendre comment une fille peut « lâcher la med » pour « faire de la comm ». Personnellement, j'ai décidé d'arrêter de voir ça comme si j'avais lâché; je me dis plutôt que j'ai lâché prise (ma sœur trouve ça quétaine à mort, mais j’men fou, j’le dis pareil).
Si tu m’as bien suivie jusqu’ici, tu comprendras que ma réponse à la question « pourquoi j’ai laissé tomber la médecine » est en fait bien simple et tient en six petits mots seulement :
Je n’aimais pas assez ça.
Au final, il m’aura fallu six années pour le comprendre et l’accepter.
Une année par mot, vu de même.
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C'est très bien
Super inspirante!!!
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j'ai beaucoup aimé les références
Intéressant
bonjour je comment cette page afin de recevoir ma quete honnêtement jai meme pas lue l'actualiter
Encourageant, il est jamais trop tard pour faire ce que l'on aime vraiment!
Wow! J'ai pris exactement la même décision il y a un an aujourd'hui et je t'avoue que j'ai encore beaucoup de difficulté quand je me fais poser cette question. Ton texte m'a vraiment touchée. Merci
bonjour
inspirant
Merci pour ce texte inspirant! Tu mets des mots sur un maux qui, je crois, est très répandu!
J'adore XD
J'adore bcp aussi
XD
C’est un peu ce qui m’arrive aujourd’hui, mais pas dans le même domaine que toi! Après avoir passé des années à étudier pour une carrière et que finalement ce n’est plus ce que l’on souhaite... c’est assez déchirant et difficile à expliquer aux autres !