À la découverte de nos mentores : Mélina Cyrenne
Mélina lors d'une prise d'échantillons à la ferme
Le recrutement de mentores joue un rôle crucial dans les objectifs principaux de la Chaire pour les femmes en sciences et en génie (CFSG). En effet, les mentores permettent à la CFSG de présenter aux filles et aux jeunes femmes des modèles féminins qui œuvrent et réussissent professionnellement en sciences et en génie afin de contrer les stéréotypes et les tabous.
Mélina Cyrenne, étudiante à la maîtrise en microbiologie, a accepté d’être mentore pour la CFSG et de partager son expérience sur Academos.
Pour te la faire connaître un peu mieux, voici un portrait plus personnel d’elle et de son parcours !
Décrivez-nous votre parcours scolaire et professionnel.
Dès mon enfance, j’ai eu la chance de pouvoir fréquenter l’école anglaise de Trois-Rivières, Three-Rivers Academy. Cependant, j’avais aussi un amour du français, et c’est pour cela que j’ai plutôt opté pour un cégep français pour continuer mes études. J’ai fait Sciences naturelles sans hésiter parce que j’avais déjà une fascination pour la science, mais je voulais aussi devenir sage-femme à l’époque. Par contre, une fois arrivée à l’université, je n’ai pas été acceptée dans le programme. On m’a conseillé de faire un baccalauréat en biologie médicale, puis de réessayer plus tard. C’est durant ce baccalauréat que j’ai eu un cours de microbiologie et j’en suis tombée amoureuse. Ironique… car j’étais terrorisée à l’idée d’être malade. Puis, comme l’Université de Trois-Rivières n’offrait aucune formation supplémentaire dans ce domaine, j’ai déménagé à Sherbrooke pour faire mon baccalauréat en microbiologie à l’Université de Sherbrooke. J’y suis maintenant depuis 4 ans, et je fais présentement ma maîtrise en microbiologie. J’étudie les communautés bactériennes du lait de vache cru et j’essaie de comprendre comment ces bactéries interagissent avec le pathogène Staphylococcus aureus.
Quels sont les 3 mots qui vous représentent le plus ?
Résilience, empathie et curiosité.
Quel est l’élément ou le moment charnière qui a déclenché votre passion pour votre domaine ?
J’ai d’abord eu une professeure de biologie géniale au Cégep de Trois-Rivières. Elle m’a transmis sa passion pour la biologie. Puis, à l’université, ma professeure de microbiologie m’a fait pencher vers la microbiologie. Deux femmes qui m’intriguaient, m’inspiraient et vulgarisaient la matière d’une façon amusante.
Quel aspect de votre travail préférez-vous ?
La liberté ! Bon, c’est vague dit ainsi, mais je l’associe à plusieurs aspects de mon travail. Par exemple, la liberté d’explorer de nouvelles voies, de nouvelles techniques et de tester différentes procédures. J’aime créer mon horaire et décider de mes heures de travail. La liberté pour moi, c’est aussi l’autonomie, que je trouve très valorisante dans ce domaine.
Avez-vous un modèle féminin dans votre domaine qui vous inspire ?
Quand j’étais plus jeune, ma tante — qui à ce moment-là était au doctorat — m’amenait parfois visiter les laboratoires. J’étais à chaque fois surprise par ses exploits et, même à ce jour, elle m’inspire. Elle a su jongler entre vie en laboratoire et vie de famille, ce qui est impressionnant.
Avez-vous eu des moments plus difficiles durant votre parcours vers votre métier ?
À part la bifurcation dans mon parcours vers les études pour devenir sage-femme, je me considère comme ayant été particulièrement chanceuse sur le plan de mes études, puis sur celui de la continuation vers la maîtrise. Avec les stages proposés par l’Université de Sherbrooke, j’ai pu explorer quelques laboratoires, mais je suis surtout tombée amoureuse de celui dans lequel je travaille présentement. L’équipe est géniale et les projets sont stimulants. Le seul hic a été financier. Travailler pour étudier, c’est aussi s’épuiser.
Mélina dans son laboratoire
Quelles sont vos plus grandes réalisations sur le plan professionnel et personnel ?
Sur le plan professionnel, je répondrais qu’il s’agit de mon parcours d’étudiante qui est maintenant en voie de finaliser sa maîtrise dans un domaine qui la stimule. Du côté personnel, c’est la rencontre d’un groupe d’amis stimulant. En rencontrant ces amis et ces amies, j’ai trouvé un groupe avec lequel je pouvais créer des projets et explorer mes capacités. Grâce à eux, j’utilise maintenant mes soirées pour créer des vidéos de vulgarisation, pour écrire sur un blogue féministe, pour faire des dessins qui seront utilisés dans un jeu de société, etc. Donc, mon exploit personnel : découvrir mon potentiel.
Où vous voyez-vous dans 10 ans ?
J’ai toujours voulu voyager, mais surtout, j’ai toujours rêvé de l’Amérique du Sud. Alors, j’aimerais répondre enseignante en science ou scientifique quelque part en Amérique du Sud. De plus, j’espère devenir autonome et donc potentiellement avoir une fermette.
Si vous pouviez changer une chose dans le monde, quelle serait-elle ?
C’est difficile de choisir, mais je dirais que tous puissent accéder à l’éducation, par passion ou par désir d’un emploi futur. L’éducation, concerne la société. Qu’on parle d’éducation politique pour comprendre le fonctionnement des gouvernements, d’études en santé pour faciliter l’accès aux soins, ou toute autre forme d’éducation. C’est par cette compréhension du monde qui nous entoure qu’on peut l’aider à évoluer, et c’est par la compréhension de nos actions et de leurs répercussions sur la Terre qu’on peut évoluer en tant qu’individu faisant partie d’un tout.
Qu’est-ce que ça représente pour vous d’être une mentore Academos ?
L’existence de ces nouvelles structures de partage montre déjà que le monde de l’éducation peut évoluer avec l’utilisation des réseaux sociaux. Il suffit de bien utiliser ceux-ci. Pour moi, être mentore à Academos, c’est aussi un moyen de partager ma passion et d’aider les jeunes dans leurs processus de décision. Il est important qu’ils comprennent que même si la question qu’on leur pose la plus souvent c’est « qu’est-ce que tu veux faire dans la vie ? », ce qu’on devrait vraiment leur poser comme question c’est « qui veux-tu être dans la vie ? ». Il n’y a pas de problème à hésiter sur le futur, ou même à changer de parcours. Alors, être mentore chez Academos, c’est aussi rassurer les jeunes sur cette question parfois anxiogène, mais qui découle d’un obstacle qui n’est pas infranchissable.
Quels conseils donneriez-vous à une jeune fille qui s’intéresse aux domaines des sciences, du génie, des mathématiques et de la technologie ?
La science, les études en ingénierie et les mathématiques sont des domaines de la curiosité et de l’exploration. Il ne faut pas s’y lancer si on y trouve comme intérêt qu’un intérêt financier. Les difficultés rencontrées au passage des études seront tamisées par un désir d’en connaître toujours plus. Et si parfois, on vous dit qu’il s’agit d’un domaine de garçons, ne vous laissez pas modeler par ces carcans qui se raréfient au fil des années. De mon côté, je n’ai vu qu’entraide et solidarité au sein de mes groupes d’études. Après tout, à l’université, nous sommes tous et toutes des étudiants et des étudiantes qui faisons face aux mêmes obstacles.